La Meuse en Europe

GEOGRAPHIE

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HYDROGRAPHIE ET RELIEF

Le réseau hydrographique meusien est partagé entre trois bassins versants d’importance très inégale, disposés en bandes obliques :

à l’ouest, le bassin versant de la Seine couvre 2 540km², soit 40 % du département; il est représenté par l’Aire, qui parcourt une ligne droite de plus de 100 kilomètres dans les plateaux du Barrois et au pied de l’Argonne, et à l’extrême sud-ouest du département par le duo Ornain-Saulx, affluents de la Marne;

à l’est, le bassin du Rhin mord sur la plaine de la Woëvre; prenant leur source au pied des Côtes de Meuse, l’Orne, le Longeau et le Rupt de Mad y drainent un espace de 860 km² piqué de nombreux étangs (soit 15% du département);

enfin, avec 150 kilomètres d’un tracé en écharpe développé du sud-est vers le nord-ouest, le bassin du fleuve Meuse couvre 45 % du département, auquel il donne son nom. Pincé entre les bassins voisins qui l’ont, voici très longtemps, dépouillé de la Moselle et de l’Aire, ce bassin versant bénéficie de peu d’affluents, sauf au nord où il s’élargir par le trio de la Chiers, du Loison et de l’Othain. Autrefois renforcée par les eaux de la Moselle, la Meuse a façonné dans les Hauts de Meuse une puissante vallée encaissée, égrenant de grands méandres. Son fond plat, parcouru par le cours sinueux du fleuve, est encadré par les replats des anciennes terrasses alluviales. La vallée dégage en outre des éperons rocheux où se sont fixées les villes (Saint-Mihiel, Verdun, Dun-sur-Meuse), étapes d’un sillon fluvial qui fut longtemps un important couloir de commerce.

Etagé entre 115 et 451 mètres d’altitude, le département, situé sur la bordure orientale du Bassin parisien, présente une topographie globalement peu marquée. Elle est néanmoins rythmée par les larges arcs de cercle des reliefs de côte, alternant avec des plaines et des plateaux, ces derniers particulièrement étendus et élevés (300-400 mètres) au sud. Trois côtes boisées, au front tourné et relevé vers l’est, compartimentent l’espace départemental avec la complicité d’un réseau hydrographique souvent calé sur les axes des reliefs.

A l’ouest, le massif de la Côte d’argonne sépare la Lorraine de la Champagne. Cette puissante barrière rectiligne, perchée à 300 mètres d’altitude, est brutalement interrompue vers le sud à Seuil-d’Argonne, où une plaine basse (120-200mètres), en prolongement vers Revigny, s’y substitue.

De Montfaucon à Gondrecourt, les plateaux du Barrois couvrent le centre et, sur une étendue de 40 kilomètres, une large partie du sud meusien. Cette grande table ondulée, entaillée par la Saulx, l’Ornain et l’Aire, est limitée à l’est par le talus sinueux de la Côte des Bars, relevé en moyenne à 350 mètres d’altitude.

De Dun-sur-Meuse à Vaucouleurs s’étire, toujours en oblique, une puissante bande de relief entaillée par le cours de la Meuse. Particulièrement massifs et bien soulignés de Dun à Saint-Mihiel, où ils portent le nom de Hauts de Meuse, ces plateaux boisés sont ourlés à l’est par l’arc de la Côte de Meuse. Son front imposant, haut de 120 mètres en moyenne, étiré sur plus de 100 kilomètres et d’où se détachent des buttes et des éperons (Côte Saint-Germain, Morimont, Éparges, Montsec), atteint régulièrement 400 mètres d’altitude. En contrebas, la plaine de la Woëvre (250 mètres) ferme le département sur sa bordure orientale, alors que sur les confins nord et nord-est (pays de l’Othain et de Montmédy) émergent des éléments de plateaux peu marqués.

Carte Physique de la Meuse

Carte Physique de la Meuse

 

CLIMAT ET GEOLOGIE

Ouverte aux influences océanique et continentale, la Meuse est soumise à un climat tempéré caractérisé par des saisons thermiques alternées. Le régime des températures alterne en effet une saison froide et une saison chaude, entre lesquelles s'intercalent les transitions tièdes du printemps et de l'automne. Si, sous la domination océanique adoucissante des flux d'ouest, les variations de températures restent modérées, on peut souligner les épisodes de « durcissement » climatique introduits sous l'effet de la continentalité : au coeur de l'hiver, des coulées d'air polaire, installées par un anticyclone froid, induisent un gel fort et prolongé parfois renforcé par un vent de nord-est. Ces journées glaciales, mais aux cieux limpides et ensoleillés, contrastent avec la canicule régulière d'un été souvent assez court. Ce régime thermique caractérise donc un climat de type océanique dégradé à nuances continentales.

Le volume annuel des précipitations s'établit, en moyenne, à 900 millimètres. Mais ces valeurs, habituelles dans les plaines et les collines du Bassin parisien, présentent des disparités à l'intérieur du département : l'est et le nord de la Meuse sont souvent en dessous de 850 millimètres, tandis que les plateaux centraux du Barrois en reçoivent plus de 1000.

Cet apport pluviométrique, étalé pour l'essentiel sur 150 à 200 jours, connaît son maximum absolu en saison froide, avec des épisodes neigeux. Une pointe de précipitations au printemps et le creux peu marqué de l'été, souvent orageux, soulignent encore le « gauchissement , climatique imposé par la continentalité.

Précipitations moyennes

Précipitations en Meuse

 

Mordant sur la bordure orientale du Bassin parisien, le département de la Meuse est assis sur des terrains sédimentaires. Ils relèvent, hormis la pointe nord (Lias marno-gréseux du Pays de Montmédy) et les confins champenois (Crétacé), du jurassique moyen et supérieur. Relevés vers l'est dans le cadre d'une structure monoclinale, ces grands arcs de cercle chronologiquement empilés, des plus anciens à l'est aux plus récents à l'ouest, se sont mis en place sur 60 millions d'années.

L’apparente simplicité de la stratigraphie et de la lithologie, alternant des niveaux calcaires et des niveaux argilo-marneux, doit cependant compter avec de fréquentes modulations d'épaisseurs et des variations verticales et latérales dans les faciès des roches, induisant dès lors un véritable millefeuille lithologique. Ce sous-sol varié a fait l'objet, au cours des Siècles, d'une intense exploitation : argile de poterie et tuilerie, sables de verrerie et de fonderie, nodules phosphatés dans le Crétacé, pierre de taille et pierre à chaux dans les assises calcaires du jurassique, minerai de fer à la base du Bajocien.

Une lithologie variée

Au nord-est, le Bajocien-Bathonien, présente des calcaires oolithiques et récifaux, intercalés d'épais niveaux marneux dans le Bathonien. Ce dernier s'achève localement (Étain) par une dalle calcaire. L’arc de la Woëvre est appuyé sur les marnes et argiles du Callovien, intercalées avec des épisodes calcaires et gréseux. Il jouxte les épaisses assises calcaires de l'Oxfordien moyen et supérieur qui empilent des faciès vaseux ou à entroques et sont lardées par de puissantes lentilles de calcaires récifaux. Cette épine dorsale carbonatée vient mourir à l'est en plongeant sous le millefeuille marno- calcaire du Kimméridgien.

Le Portlandien achève la série Jurassique. Il disparaît vers le nord à hauteur de Montfaucon. Finement stratifié au nord de l’Aire, cet ensemble calcaire et marneux est porté au sud par des assises de calcaires durs et compacts (pierre châline, oolithe de Savonnières).

Plaqué sur la surface d'érosion qui tronque en biseau les « calcaires portlandiens du Barrois », le Crétacé offre une dissymétrie stratigraphique et lithologique nord-sud. En Argonne, il empile de fins placages d'argiles et de sables verts surmontés par le grès siliceux de la Gaize, faciès épais de 90 mètres qui s'efface au sud de Seuil-d'Argonne. Au sud, la stratigraphie complète superpose un complexe d'argiles, de sables et de calcaires.

La dynamique géomorphologique du relief de côte

Cette alternance répétée de roches dures (calcaires) en binôme avec des roches tendres (argiles, marnes) détermine des contrastes de résistance étagés d'ouest en est du département. Un empilement géologique, visible sur la coupe, est soumis par ailleurs à un pendage, c'est à dire une pente des couches rocheuses, relevées vers l'Est.

Dans ces conditions, le travail de l'érosion différentielle sur ces binômes a dégagé des fronts de cuesta ou reliefs de côte. Armés par des assises dures qui se prolongent sur les plateaux de revers, ils dominent des plaines excavées dans les niveaux tendres. Les conditions géologiques et structurales d'ensemble ont ainsi déterminé l'organisation générale des reliefs, tandis que les formes de détails du modelé reposent sur les données locales des faciès et de la micro-structure.

Le réseau hydrographique a largement retouché ce dispositif, en incisant les plateaux et en ménageant à travers les cuesta de larges percées en entonnoir. Il se manifeste aussi de manière souterraine, dans le cadre de réseaux karstiques développés dans les calcaires du Portlandien (bordure de l'Argonne et Barrois) et du Bajocien-Bathonien.

Schéma géologique

Schéma géologique

 

ENVIRONNEMENT

Ornois, Blois, Argonne, Pays de Montmédy, Woëvre, Barrois, Verdunois, Val de Meuse, Pays aux Bois... : micro-régions naturelles, découpages introduits par l'histoire, simples reliques de la toponymie ou récentes entités économiques, ces petits pays inscrits dans l'espace meusien traduisent en critères variés sa grande diversité de détail. Ils expliquent aussi la force d'unité qui, depuis 1790, rassemble ces éléments épars et souvent divergents au sein d'un département d'abord appelé «Barrois» puis finalement nommé du fleuve qui le fend de part en part. La Meuse «ainsi logée, commençait d’être».

Cette riche palette de pays ne trouve pas de transcription paysagère aussi variée. Depuis trente ans, les paysages des « pays » sont en effet sous l'action des remembrements, des nouvelles pratiques agricoles ou des aménagements du bâti comme de la voirie, progressivement « lissés » et homogénéisés. Par ailleurs, les paysages de ce département à dominante agricole et forestière sont globalement déterminés par les grandes unités naturelles qui alternent, avec un rythme régulier et une trame massive, plateaux, « côtes » et plaines.

Les fronts linéaires de l'Argonne, de la Côte des Bars et de la Côte de Meuse sont soulignés par d'épais manteaux boisés. Débordant sur les plateaux des arrières côtes (Hauts de Meuse et Pays aux Bois, Barrois), ces forêts ont souvent été trouées par des défrichements agricoles. Au pied des côtes meusiennes jalonnées de nombreux villages, s'étalent les paysages de la vigne et de l'arboriculture (mirabelliers).

À l'est, la Woëvre s'impose comme une épaisse bande de plaine humide en avant de la Côte de Meuse. Jonchée d'étangs piscicoles anciennement aménagés par les moines et de vastes forêts, son paysage porte aujourd'hui le damier agricole de la grande culture.

Formant un duo de vallées parallèles, la large et douce gouttière de l'Aire et le profond sillon de la Meuse offrent des paysages ouverts et faiblement boisés. Les fonds de vallée humides restent voués aux prairies, tandis que les bordures sont le domaine de la polyculture. Les vallées de la Meuse et de l'Ornain ont, en outre, fixé de modestes noyaux urbains et industriels.

Enfin, la Meuse conserve, dans le périmètre de ses champs de bataille 1914-1918, l'empreinte de « polémo-paysages », dévastés par les bombardements et les explosions de mines et devenus aujourd'hui des lieux de la mémoire collective européenne.

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Pingouin production-1998