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Lors de sa création à la Révolution,
le département de la Meuse réunit des entités très
différentes. Toutes ont cependant hérité de leur lointain
passé un patrimoine fort riche, aujourd'hui trop souvent méconnu.
Les origines
Les premières traces de l'homme en
Meuse sont celles des chasseurs qui viennent traquer le mammouth à Vassincourt,
il y a 300 000 ans.
Bien plus tard, avec l'introduction de l'agriculture,
se créent les premiers villages. Une importante activité d'extraction
de silex se développe à Saint-Mihiel, 2
000 ans avant notre ère. Des menhirs et des
dolmens sont alors érigés, dont certains subsistent encore.
À l'arrivée des Romains, plusieurs
peuples occupent les Pays meusiens : essentiellement les Leuques au sud et les Médiomatriques au
nord, ainsi que des Trévires
encore plus au nord et des
Rèmes à l'ouest. Tous maîrisent
la fabrication du métal et vivent souvent dans des camps fortifiés
ou oppidums; le plus imposant est situé à Boviolles et domine la vallée
de l'ornain.
La période romaine
Les Romains soumettent ces peuples gaulois
sans difficulté. Ils aménagent de grands axes routiers dont ceux allant
de Reims à Metz et de Reims à Toul. Les agglomérations les
plus importantes sont alors Virodunun
(Verdun) et Nasium
(Naix), située au pied de l'oppidum de Boviolles. Les activités économiques
connaissent une réelle prospérité, comme les carrières
de Savonnières-en-Perthois et les ateliers des potiers argonnais, qui exportent
jusqu'en Angleterre et dans les plaines hongroises.
A partir du milieu du IIIe siècle,
l'insécurité est grande du fait des incursions dévastatrices
des Barbares venus d'outre-Rhin. En 451 notamment, Attila
et ses Huns détruisent Verdun.
Une région-frontière
et une mosaïque de territoires
Après le démantèlement
de l'empire romain, les pays meusiens sont inclus dans le royaume franc
d'Austrasie, puis dans l'empire carolingien. En 843, lorsque le
traité de Verdun partage celui-ci en trois,
ils sont intégrés dans sa partie centrale, la Lotharingie, voisine
de la France.
Vers l'an mil, c'est le morcellement qui l'emporte.
Plusieurs entités territoriales très imbriquées se constituent.
Le comté de Verdun, dirigé par l'évêque de la cité,
se trouve inclus dans le Saint-Empire romain germanique, tandis que le comté
de Bar s'affirme comme une principauté plus autonome. Ses seigneurs, fort
entreprenants, mettent la main notamment sur Clermont, Stenay et Étain.
Verdun leur échappe toutefois. D'autres
entités se partagent l'espace meusien tels le comté de
Chiny (avec Montmédy), celui de Ligny et la seigneurie de Commercy. Certaines
terres (dont Vaucouleurs et le château de Gombervaux) dépendent, en
outre, du comté de Champagne.
À la suite de l'implantation du christianisme
à Verdun au IVe Siècle, l'ensemble de ces pays a été
entièrement évangélisé. Des églises ont été
construites partout et les établissements religieux se sont multipliés,
aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Lessor commercial a fait
naître des centres urbains, tous fortifiés. Partout, des châteaux
symbolisent la domination des puissants.
À partir du XIVe siècle, les
comtes de Bar, devenus ducs en 1354, commencent à pâtir des ambitions
toujours plus grandes des rois de France, leurs puissants voisins. En 1428, en pleine
guerre de Cent ans, c'est une de leurs sujettes, Jeanne
d'Arc, née à Domrémy (aujourd'hui
dans les Vosges), qui obtient du sire de Baudricourt, le maître de Vaucouleurs,
l'aide nécessaire pour rejoindre le roi de France à Chinon.
Peu auparavant, le mariage de René
d'Anjou, héritier du duché de Bar, avec l'héritière du
duché de Lorraine, a annoncé à terme la réunion des
deux duchés sous la même autorité.
Le temps des annexions (du
XVIe au XVIIIe siècle)
Le XVIe siècle est un siècle
de prospérité relative. À lintérieur de leurs
murailles médiévales, toutes les villes reconstruisent leurs maisons
dans le style Renaissance, telles celles que lon peut admirer aujourdhui
à Bar-le-Duc, à Marville ou à Saint-Mihiel. Au milieu du siècle
néanmoins, le roi de France Henri II, alors en guerre avec lempereur
Charles Quint, sempare de Verdun et de son évêché qui
sont définitivement annexés à la France en 1648.
Le XVIIe siècle est un siècle
terrible pour les «pays meusiens » qui paient très cher lalliance
du duc de Lorraine et de Bar avec les ennemis du roi de France. Les campagnes sont
dévastées, les châteaux ducaux (à Clermont, Bar-le-Duc,
Saint-Mihiel) sont démantelés et leurs possessions occupées.
Certaines sont même annexées par la France, en particulier lArgonne
ducale, avec Clermont, Dun-sur-Meuse, Stenay.. qui forment désormais le Clermontois.
En 1659, Montmédy et Damvillers, qui appartenaient jusque-là à
lEspagne, sont aussi annexées. Il faut toutefois attendre 1766 et la
mort du roi
Stanislas Leszczynski, duc de Lorraine et
de Bar, pour que ses possessions, y compris la principauté de Commercy, deviennent
françaises.
La Révolution et la création
du département
En 1790, lAssemblée constituante
crée le département de la Meuse, avec Bar-le-Duc pour chef-lieu (et,
plus tard, préfecture). Bien dautres transformations surviennent alors,
dont la suppression des ordres religieux. Elle entraîne la vente comme biens
nationaux, et souvent la destruction, de nombreux édifices religieux.
L'événement le plus retentissant
a lieu le 21 juin 1791, peu avant minuit: le roi
Louis XVI voit sa fuite arrêtée à Varennes,
alors quil cherche à gagner létranger. En septembre de
lannée suivante, le département est envahi par les troupes prussiennes
et autrichiennes qui prennent Verdun, avant de voir leur avance arrêtée
à Valmy. Pour beaucoup de Meusiens, tel Nicolas
Oudinot, cest le début dune
brillante carrière dans les armées de la Révolution et de lEmpire.
Un XIXe siècle contrasté
Le département de la Meuse connaît
son maximum de population en 1851, avec 328 700 habitants. Les campagnes sont alors
densément peuplées. Les activités agricoles (élevage,
culture des céréales et de la vigne, du moins jusquà
la crise du phylloxéra) y vont de pair avec un artisanat florissant.
Lindustrie est également très
présente (notamment la métallurgie, les carrières et le textile).
La révolution des transports touche le département à partir
du milieu du siècle, avec surtout la voie ferrée Paris-Strasbourg
et le canal de la Marne au Rhin. Le renouveau des constructions (habitations, mairies
écoles, lavoirs, fontaines, églises) témoigne dun réel
dynamisme. La population meusienne ne cesse pourtant de diminuer à partir
du milieu du siècle.
Alors que depuis la chute de Napoléon
1er , les Meusiens avaient vécu en paix,
la guerre de 1870 leur fait à nouveau connaître linvasion et
loccupation. Après la défaite, le département devient
un vaste camp militaire : de nombreux forts sont construits, notamment autour de
Verdun, et les casernements se multiplient.
Verdun : « On ne passe pas
»
En 1914, dès lentrée en
guerre, le nord du département est occupé durablement par lennemi.
Les combats meurtriers sont incessants sur toute la ligne du front, qui sest
stabilisé en Meuse sur près de 120 kilomètres: Vauquois, Le
Mort-Homme, Les Éparges y acquièrent une tragique renommée.
À partir du 21 février 1916, Verdun concentre lessentiel du
feu ennemi et devient lenjeu dune terrible bataille. Cest «
lenfer de Verdun ». Sous la direction du général
Pétain, les soldats français bloquent
lattaque allemande au prix dénormes pertes. Leur ravitaillement
a été acheminé par la seule route utilisable : celle de Bar-le-Duc
à Verdun, bientôt dénommée « la
Voie sacrée ».
Un département meurtri
LArmistice laisse dinnombrables
ruines. Le département est exsangue et la reconstruction fort longue. De
nombreux monuments sont érigés pour rappeler les sacrifices consentis,
par exemple lossuaire de Douaumont
et les monuments du Montsec et de Montfaucon-en-Argonne, en lhonneur des soldats
américains morts dans la région. En 1920, cest à Verdun
quest choisi le corps du soldat inconnu qui repose désormais sous lArc
de Triomphe, à Paris.
Ossuaire de DOUAUMONT |
De 1940 à 1944, cest à
nouveau loccupation et son terrible cortège dexactions, notamment
à Clermont-en Argonne et dans la vallée de la Saulx. Depuis, le département
sest considérablement transformé. La population rurale a certes
beaucoup diminué, mais les activités se sont diversifiées et
les Meusiens eux-mêmes ont pris conscience de la richesse de leur patrimoine
et de la nécessité de le mettre en valeur.
Pingouin production-1998